On parle des Cabarettistes

Voici un article de David Desreumaux publié sur le site Hexagone à la suite de la soirée exceptionnelle pour le 60ème anniversaire de la création du Cheval d’or au Forum Léo Ferré le 14 décembre 2015 :

 » LES CABARETTISTES RESSUSCITENT LE CHEVAL D’OR

Les Cabarettistes ressuscitent Le Cheval d’Or
Hugues De La Salle, Clémentine Lebocey, Nathalie Bourg et Matila Malliarakis
Photo Flavie Girbal
Clémentine Lebocey et Hugues De La Salle

Photo Flavie Girbal

Sans avoir l’âme plantée dans le rétroviseur, il est tout de même des périodes que l’on aurait aimé vivre. Enfin moi oui. A tort ou à raison, certes, que sais-je après tout, on n’est jamais que de son époque et il est bien impossible de faire la lumière sur ses fantasmes temporels. Ainsi, souvent me vient-il à songer, à rêver que j’aurais vécu la grande époque des cabarets parisiens… Ceux-là même qui participèrent de l’éclosion – de l’explosion – de nos fameuses légendes d’Épinal. Et d’ailleurs aussi. Les Brel, Barbara, Ferré, Brassens, Gainsbourg, Vian et j’en passe autant comme autant. Je n’ai pas ici l’ambition de dresser un mausolée, un monument aux morts glorieux. Tombés pour la chanson.

Non, je voulais juste faire mention – rapidement parce que l’on y reviendra dans quelques mois – d’un spectacle qui s’est créé récemment. Un spectacle où, dès l’ouverture, on y entend la voix de Gilles Tcherniak, l’un des tenanciers du Forum Léo Ferré, à Ivry. Fameux lieu de chanson et de spectacle vivant au sens large où l’on mêle le patrimoine et l’avenir de l’art en rimes chantées. Pourquoi donc ce Gilles Tcherniak ? Attends.

Le spectacle dont je te cause est créé et interprété par une troupe, Les Cabarettistes. Et le spectacle, intitulé « Les galops du Cheval d’Or » retrace l’existence de ce Cheval d’Or qui ouvrait ses portes il y a précisément 60 ans, pour les fermer en 1969. Comme la quasi totalité des cabarets aujourd’hui. Fermés. Le Cheval d’Or se trouvait au 33 de la rue Descartes, dans le quartier de la Contrescarpe, à Paname. C’est aujourd’hui un resto japonais me semble-t-il.

Photo Flavie Girbal
De gauche à droite : Matila Malliarakis, Solange Wotkiewicz, Alain Carbonnel, Hugues De La Salle, Malvina Morisseau, Clémentine Lebocey

Photo Flavie Girbal

Les Cabarettistes embarquent le public dans l’histoire de ce cabaret, créé par Jean-Pierre Suc et Léon Tcherniak. Oui oui, le daron de gugusse susnommé. Tu comprends mieux pourquoi le Gilles cause au début ? C’est dans les gènes le spectacle vivant, que veux-tu… Et qui mieux que lui pouvait fournir la matière à cette résurrection de scène ? Les Cabarettistes déploient leur livre depuis la naissance jusqu’à la fermeture de l’établissement. Ce sont les « galops d’essais » des artistes qui y sont présentés, les débuts de grandes figures parmi lesquelles on croise Boby Lapointe, Anne Sylvestre, Petit Bobo, Riffard et pas mal d’autres.

L’exercice est réussi à plus d’un titre. Tout d’abord, sur le plan du spectacle en lui-même. Cette jeune bande de comédiens, officiant depuis 2014, est épatante. Dynamique, douée, drôle, leur truc à eux c’est le cabaret qui mêle chanson et théâtre. On se prend le temps d’un spectacle à se croire rue Descartes en 55 ! Réussi à plus d’un titre disais-je car ces jeunes gens parviennent à distiller en nous cette envie d’aller fouiller dans la mémoire des cabarets. La faire rejaillir, l’interroger auprès de ceux et celles qui en sont aujourd’hui encore les artificiers et les dépositaires. Les Cabarettistes rejoueront ce spectacle en mars prochain au Forum Léo Ferré. On y sera et il me prend l’envie d’aller à la rencontre de cette histoire, de rouvrir le livre comme l’ont fait ces Cabarettistes. Et je t’en ferai profiter !

En attendant, je t’engage à visionner ci-dessous les extraits du spectacle filmé le 14 décembre dernier. Un avant-goût d’hier pour demain qui nous ressemble, qui nous rassemble. Parce que jamais la chanson ne se laissera fermer la bouche.  » David Desreumaux, Hexagone.